Je m’appelle Thierry Marcotte, j’ai 26 ans et je suis né à Cannes. J’ai fait d’abord des études scientifiques, et après ma licence de Physique-Chimie, je suis parti en Droit, et j’ai validé mon master en droit privé l’année dernière, en 2020. En parallèle de l’écriture, je suis chargé d’enseignement en droit à l’Université Nice Côté d’Azur.
J’ai grandi dans une famille de lecteurs et de rôlistes. J’ai découvert le jeu de rôle très tôt, vers mes 8 ans, et j’ai commencé à lire de la fantasy un peu après. Quelques ouvrages m’ont grandement influencé quand j’étais jeune, notamment la première saga de fantasy épique que j’ai lu : les deux trilogies des Lancedragons, de Weiss et Hickman.
Plus tard, je découvre David Gemmell. Sa gouaille et son style fluide me font tomber sous le charme. Enfin, je découvre en 2014 Brandon Sanderson, qui deviendra mon auteur préféré, tant par la profondeur de ses personnages, la complexité de ses mondes, et la merveilleuse intrication de ses intrigues.
Quand as-tu commencé à écrire ?
J’aimais beaucoup écrire, plus jeune, mais pour moi, ce n’était pas quelque chose qui avait une réelle « valeur ». Ce n’était qu’un hobby, sans plus. L’écriture était toujours là, dans mon esprit. Je me disais souvent « tiens, ça serait sympa d’écrire un truc là-dessus », mais jamais je ne m’y mette sérieusement. Trop de temps et d’énergie, pour quelque chose qui n’avait pas d’avenir. Être auteur, quelle idée ?
C’est en 2016 que je me suis mis à écrire sérieusement. J’ai écrit un premier roman, la Dague Hurlante. Après cela, j’ai commencé une nouvelle trilogie de dark-fantasy, les Chroniques d’Oftsiedeln, mais le résultat ne me plaisait pas (pour le moment). Et c’est fin 2019 que j’ai décidé de commencer une nouvelle saga, avec un objectif clair : des romans plus courts, dynamiques, à la fois épiques, drôles et touchants. Et c’est ainsi qu’en avril 2020, j’ai sorti le premier tome de la saga du Pacte des éléments, l’Oracle des flammes.
Pourquoi écrire ?
C’est une question que je me pose souvent, et je n’ai pas encore entièrement la réponse. Je pense que j’écris pour inspirer les gens, de la même manière que ces auteurs de fantasy que j’admire ont réussi à m’inspirer. J’ai des tas d’histoires en tête, des tas de mondes que j’ai envie de partager. J’ai envie de montrer, dans la noirceur qu’est le monde, qu’on peut parfois y trouver du bon. Mais je ne veux pas être mièvre. Je n’aime pas les histoires où, par un magique coup du sort, les héros gagnent, et acquièrent leur fameux « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Je veux du sang. Je veux des larmes. Parce que c’est cela, le monde réel. Et si un héros veut avoir sa fin heureuse, il a intérêt à se battre et tout sacrifier pour elle.
Je pense qu’il y a aussi un côté thérapeutique à l’écriture. En posant sur le papier des idées noires, on les exorcise. Et en les mettant sous forme d’histoires, on peut les dépasser, grandir, devenir une meilleure personne. Écrire, c’est aussi faire l’effort de comprendre les deux camps, les deux côtés de l’histoire. Les « méchants » et les « gentils ». Je pense que c’est ce que doit être le travail d’un auteur, et je pense que ça m’aide également à prendre du recul sur le monde.
Combien de temps te faut-il pour écrire un tome ? Comment t’organises-tu ?
Pour ce qui est de l’écriture du roman même, je passe beaucoup de temps de préparation, mais une fois dans la phase de rédaction, je suis assez rapide. J’ai un rythme assez irrégulier, mais il me faut entre 6 semaines et 10 semaines pour écrire un roman de taille moyenne (80000 mots). Parfois plus, parfois moins. J’essaie de m’imposer une auto-discipline, et d’écrire un peu tous les jours, mais j’ai un rythme assez chaotique.
En revanche, pour écrire une histoire, j’ai besoin de savoir exactement où je vais, chapitres par chapitres. Chaque auteur est différent là-dessus, je crois que la majorité des auteurs écrivent au fur et à mesure de leur plume, tout en ayant une vague idée de où ils veulent aller. Je ne fonctionne pas du tout comme ça. J’ai besoin de savoir, chapitres par chapitres, comment évolue l’action de mon roman. Je me place des balises narratives, et ensuite je trace mon chemin de l’une à l’autre, jusqu’à la fin. C’est pour cela que je suis plutôt rapide dans l’écriture, et long dans mes préparations.
Pour ce faire, je commence par la fin de mon roman. Je m’imagine comment l’histoire se termine, et ensuite je remonte le fil. Comment les personnages en sont arrivés là, comment rendre ces moments authentiques et épiques, etc.
Une fois que j’ai l’enchainement des chapitres, personnages par personnages, je fais un premier montage. Je regarde comment organiser les chapitres par rapport à tous les protagonistes, pour qu’il y ait une cohérence spatiale et temporelle. Ensuite, je commence à écrire, et j’arrange ma trame en fonction de l’évolution de l’histoire au fil de l’écriture, car celle-ci n’est jamais figée non plus ! Il m’est arrivé de changer totalement de directions à certains moments, si j’estimais que cela valait le coup et que cela rendait l’histoire meilleure.
Qu’est-ce qui te motive à écrire ?
L’espoir d’un jour pouvoir en vivre, et de me dire que je laisse quelque chose dans ce monde, même si ce n’est pas grand-chose.
Qu’est-ce que tu veux apporter au monde avec cette histoire ?
Ça va être difficile de répondre à cette question sans spoiler ! Il y a plusieurs thèmes dans cette saga. Le premier est la justice. C’est un thème que j’affectionne beaucoup, et un des pans de la philosophie les plus complexes. Un autre thème qui m’est important, c’est le thème de la dépression. C’est quelque chose d’assez tabou en France, et j’aimerais montrer les formes que peuvent prendre la maladie, et la manière dont elle affecte les pensées, les actes des victimes qui en souffrent.
As-tu un conseil pour le lecteur ? L’auteur ?
N’attendez pas d’être Tolkien pour écrire. L’écriture n’est pas quelque chose que l’on remet à demain. Si vous voulez écrire, écrivez. Même si c’est « mauvais », même si c’est « inintéressant », écrivez quand même. C’est en forgeant qu’on devient forgeron. Acceptez le fait que tout ne se pas parfait, même après des dizaines d’années d’écriture. Comme dirait Brandon Sanderson : « écrivez non pas pour faire un bestseller, écrivez parce que cela vous plait, parce que cela vous fait du bien, et écrivez en ayant pour simple but qu’à la fin de votre ouvrage, vous soyez un meilleur auteur que lorsque vous avez commencé à l’écrire ».